Investir dans les startups n’est plus réservé aux investisseurs privilégiés

Les plateformes de courtage en ligne telles que Wealthsimple ont ouvert la voie à la démocratisation de l’investissement dans des titres cotés en bourse.

Jesse Johnston/La Presse Canadienne

Peter-Paul Van Hoeken est le fondateur et PDG de FrontFundr, une plateforme de financement participatif en actions au Canada. Il est également membre du comité consultatif Fintech de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario et conseiller auprès de la National Crowdfunding and Fintech Association of Canada.

En juin, les autorités provinciales et territoriales canadiennes en valeurs mobilières ont annoncé de nouvelles règles de financement participatif harmonisées à l’échelle nationale pour les startups. Investir en eux n’est plus réservé aux seuls investisseurs fortunés privilégiés. Les investisseurs particuliers peuvent désormais investir de l’argent dans les startups.

Les organismes de réglementation canadiens ont suivi la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis qui a mis en œuvre de nouvelles règles de financement participatif en mars. Je milite pour la démocratisation des marchés de capitaux privés au Canada depuis plus de cinq ans et je pense que nous sommes arrivés au bord d’un réel changement.

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Les plateformes de courtage en ligne telles que Questrade et Wealthsimple, ainsi que les banques canadiennes qui ont commencé à offrir des services d’investissement direct en ligne, ont ouvert la voie à la démocratisation de l’investissement dans des titres cotés en bourse. Les investissements de détail sur les marchés publics ont augmenté au cours des 12 derniers mois, entraînés par une tempête parfaite d’un marché haussier, les blocages induits par COVID-19 et le fait que les marchés boursiers n’ont jamais été aussi accessibles pour les investisseurs individuels.

Selon Bloomberg, les investisseurs de détail américains représentaient historiquement 10 à 14 % du marché des sociétés cotées en bourse avant l’avènement du trading sans commission en 2013. Aujourd’hui, ils représentent environ 20 % du marché.

Je pense qu’il existe une importante justification globale pour laquelle investir dans des sociétés privées devrait également être accessible aux investisseurs de détail, et ces sociétés devraient avoir accès au capital de ces personnes. La justification réside dans les principes fondamentaux d’un marché libre : liberté de choix et concurrence. Liberté de choix dans la mesure où n’importe qui, dans ce cas n’importe quel investisseur, peut participer et les entrepreneurs peuvent lever des capitaux auprès de qui ils veulent.

Le principe de concurrence peut être appliqué sur les marchés privés si les acheteurs de parts de propriété (investisseurs) et les vendeurs (sociétés essayant de lever des capitaux) sont tous deux libres d’entrer et de sortir du marché. Aucun groupe particulier d’investisseurs ne devrait avoir un pouvoir de contrôle sur le capital disponible pour les startups. Sur cette note, traditionnellement, seul un petit groupe d’investisseurs providentiels, de sociétés de capital-risque et d’autres investisseurs fortunés contrôlait le capital disponible pour les startups.

Si nous voulons que les marchés privés deviennent véritablement des marchés avec liberté de choix et concurrence, alors nous n’aurions pas pu rêver de meilleur moment pour y parvenir, car nous avons le catalyseur clé : la technologie numérique. De la même manière que les marchés en ligne ont émergé dans d’autres secteurs, la technologie numérique peut être déployée pour faciliter la formation de capital sur les marchés privés en fournissant un accès, un partage d’informations et un soutien pour un volume élevé de petites transactions d’investissement.

Les critiques du financement participatif des investissements ont soulevé plusieurs préoccupations valables. Premièrement, les startups ne sont pas soumises aux mêmes exigences réglementaires en matière de divulgation que les sociétés ouvertes, et elles ne sont pas non plus examinées en détail par les professionnels du secteur de l’investissement.

Deuxièmement, les startups sont généralement dans la phase de découverte du développement d’un produit viable et de la recherche d’un marché pour celui-ci. Ils ont également tendance à être à court d’argent et sensibles aux adversités internes et externes. Toutes ces forces imposent des risques commerciaux et commerciaux importants.

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Troisièmement, les titres de sociétés fermées sont généralement illiquides dans la mesure où il n’y a pas de marché ouvert où ils peuvent être négociés.

Les autorités canadiennes de réglementation des valeurs mobilières ont cherché à atténuer ces risques avec les nouvelles règles de financement participatif qui obligent les startups à lever des capitaux via un portail de financement enregistré. Les nouvelles règles fixent également une limite annuelle de 1,5 million de dollars au montant total qu’une startup peut collecter en 12 mois. Il existe également une limite de 2 500 $ par investissement et de 10 000 $ si le portail de financement fonctionne en tant que courtier en valeurs mobilières enregistré, tel que FrontFundr, et que l’investissement est jugé approprié.

Bien que ces règles établies par les autorités de réglementation des valeurs mobilières visent à atténuer les risques et les pertes d’investissement potentielles, la règle du caveat emptor s’applique également. Les investisseurs doivent faire preuve de prudence et s’informer sur les plateformes de financement participatif facilitantes et les opportunités individuelles répertoriées sur ces portails.

Les investisseurs doivent également tenir compte de l’illiquidité des investissements privés. Mais à quel point devraient-ils vraiment s’inquiéter à ce sujet ? Les investissements dans des entreprises privées doivent être considérés comme des engagements à long terme.

Une étude du BlackRock Investment Institute publiée en 2019 a conclu que les flux de trésorerie des investisseurs ne semblent pas être un obstacle important à l’allocation de leurs investissements sur les marchés privés. La plupart des investisseurs n’ont pas besoin de liquidités dans leur portefeuille à long terme.

La démocratisation des marchés privés au Canada est imminente et en passe de transformer enfin les marchés privés en de véritables marchés accessibles à tous les investisseurs. Ce faisant, il débloquera un tout nouveau pool de capitaux du public et le mettra à la disposition des entrepreneurs.

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